Loup de Berger: quitter Paris pour se retrouver

Interview réalisée le samedi 08 mars par Noctuastali.

༄. Salut ! Tout d’abord, est-ce que tu peux te présenter ?

Baptiste Garda, bientôt 30 ans, fondateur du projet Loup de Berger, qui est né dans mon esprit en 2020, guitariste/chanteur.

༄. D’accord, on aura l’occasion de détailler tout ça. Comment es-tu venu à la musique ? Tu peux m’en dire plus sur ton parcours.

Depuis très tôt, j’ai tout de suite commencé la musique, à moins de 10 ans. Je dirais 8 ans, quelque chose comme ça. J’ai fait deux ans de piano et malheureusement, au bout de deux ans, je me suis arrêté puisque le contact avec la prof n’était pas génial et c’était très contraignant. Je me rappelle qu’ à l’époque c’était très axé solfège. Il y avait un truc très scolaire dans lequel je ne voulais pas rentrer. Donc j’ai arrêté à ce moment-là et tout de suite je me suis fait acheter une guitare par mes parents et j’ai commencé à prendre des cours avec un pote de mes parents.

C’est comme ça que je suis venu à la musique et j’ai commencé à former des groupes. Je devais être en cinquième. Les premiers concerts sont arrivés vers 13-14 ans. J’ai aussi eu un groupe au lycée, qui a bien tourné à partir de mes 15 ans et avec lequel on a fait pas mal de concerts sympas.

༄. C’était quoi le nom de ce groupe ?

Le groupe c’était Super Socks. C’est un groupe que je partageais avec un artiste qui a une petite carrière qui s’appelle Ian Caulfield, un rémois et qui maintenant est basé sur Paris.

༄. Et on en arrive maintenant à Loup de Berger. Est-ce que tu peux raconter un peu l’histoire du projet, depuis le moment où il y a l’idée jusqu’à aujourd’hui ?

Depuis la fin du lycée, je n’avais pas trop touché à la composition. Jusqu’en 2020 où me vient l’idée de monter un projet avec une identité rock dans laquelle je peux exprimer ce que j’ai à dire. Tant au niveau des paroles que de la musique. Et donc en 2020, je commençais à faire les premières compositions de Loup de Berger à partir du confinement, puisque je me retrouvais à Paris solo. Pendant toute cette période je ne faisais qu’écrire pour ce projet, faire les premières démos, etc. Tout ça ne vivait uniquement que dans ma chambre pendant les deux premières années, jusqu’en 2022.

J’étais toujours parisien à l’époque et j’avais envie de donner vie à ce projet en dehors de ma chambre. Je n’avais pas envie de le faire à Paris, mais plutôt dans ma région natale, à savoir la Champagne. Fin 2021, je quittais Paris, je rendais l’appartement, je retournais en Champagne avec l’idée en tête de trouver des musiciens, en fait, pour faire du live pour ce projet là.

C’est donc à ce moment là vers l’été 2022 où je trouve mes deux premiers compères qui m’accompagnent sur scène à savoir Marius à la basse et Guillaume à la batterie. Guillaume, je le connaissais déjà d’avant, on avait échangé sur des concerts. Il était lui aussi actif très jeune sur la scène musicale chalonnaise, donc on s’était déjà croisé à diverses occasions. Je savais qu’il refaisait des amplis donc je vais le voir avec mon ampli, en lui disant que j’ai besoin de refaire de la scène et c’est à ce moment qu’il me dit qu’il joue de la batterie et qu’on deal un truc. Marius, j’étais au lycée avec lui et on se connaissait. On avait déjà joué ensemble, il avait déjà fait des remplacements dans Super-Socks. J’ai posté une annonce sur je ne sais quel sombre groupe Facebook. Annonce à laquelle il a répondu et c’est comme ça qu’il rentre dans le projet. Je crois qu’on fait notre première répète tous ensembles en septembre 2022.

༄. D’accord, et depuis, vous avez développé tout ça, des concerts, aussi un EP.

De septembre 2022 à avril 2023, on commençait à bosser le live là où on a tourné une session live avec trois titres, à Bord 2 Scènes, à l’Orange Bleue la SMAC de Vitry le François. Cette session live est sortie en juin 2023. C’est à ce moment-là que Loup de Berger est devenu public, entre guillemets, donc on a monté les réseaux sociaux, Loup de Berger, etc. On a fait connaître le projet, en tout cas le lancement du projet, par ce biais-là.

Après on a enchaîné début 2024 sur l’enregistrement d’un premier EP qui est sorti en mai 2024. Il y a eu divers concerts et là on s’est retrouvé en février avec un nouveau single et un nouveau clip.

༄. Une bonne progression depuis ta chambre jusqu’à faire des scènes, des clips, c’est très cool. Pourquoi avoir choisi un nom de scène ou un nom de groupe plutôt que ton propre nom alors que ça avait l’air d’être quand même un projet bien solo à la base. Qu’est-ce qui t’a amené vers ce choix ?

J’avais envie de construire un personnage. Le nom de Loup de Berger, je l’ai depuis le début que j’ai commencé à imaginer ce projet. Je trouvais ça assez élégant et je trouvais que ça participait à la direction artistique que j’avais en tête.

J’avais envie de trouver un nom qui évoquait plusieurs sens. J’avais envie de ramener une image animale et l’image du loup me convenait parfaitement avec tout le mystère que ça peut comporter car il y a beaucoup d’histoires autour du loup dans l’imaginaire humain. Un autre truc cool c’est que finalement loup se transforme aussi en prénom.

J’ai rajouté de berger parce qu’il y a un truc un peu antinomique avec finalement chien de berger.

༄. Oui, tout à fait, qui est censé protéger.

C’est ça. Et ça peut se lire comme un nom presque bourgeois à particules. Loup de Berger, une espèce de néo-bourgeoisie un peu bizarre, mais qui est assez cool.

༄. D’accord, justement par rapport à cette image, c’est pour ça par exemple que tu adoptes un style un peu décalé sur scène par exemple avec un bob tout en ayant des restants de vêtements plutôt classe par exemple.

Ouais, en fait, j’aime bien mélanger, j’aime bien parvenir à une image très … comment dire … singulière. Il y a toujours un truc assez classe que j’ai envie de montrer sur scène, mais j’aime bien aussi amener des éléments décalés. Tout ça crée finalement un espèce de truc cohérent qui fonctionne pour moi.

༄. Pour revenir un peu sur le parcours, pourquoi être revenu sur Châlons en Champagne et pas sur des grosses villes ? Tu m’as dit que tu as quitté Paris exprès, qu’est-ce qui t’a motivé à vraiment faire ce choix puisque ça va un peu à contre-courant de ce que font les artistes en général.

Rien d’autre que de la pure intuition. Paris ne correspondait plus trop à mon mode de vie. Je sentais qu’il fallait que je donne vie à Loup de Berger et que ce ne serait pas là-bas. Je me félicite de m’être écouté à ce moment-là. Il se passe plein plein de trucs depuis deux ans autour ce projet avec plein de gens qui viennent nous aider de manière très intuitive, sans calcul, très à contre-courant de la doxa musicienne. J’aime beaucoup la situation dans laquelle se trouve le projet en ce moment.

༄. On voit, effectivement, que vous vous êtes rapidement entouré. Est-ce par exemple la preuve d’un certain dynamisme artistique à Châlons ?

Ouais carrément, c’est la preuve qu’il y a des gens qui savent faire des choses, des belles choses, autre part que dans les grandes métropoles. C’est la preuve qu’il y a un terroir assez riche partout. Et c’est la preuve qu’il faut faire confiance aussi aux rencontres.

༄. J’ai quelques questions sur l’EP Renaissance. Par ce nom, est-ce qu’il n’y aurait pas un côté cathartique sur ce disque si ce n’est pas même sur tout le projet Loup de Berger ?

Ah bah carrément. Il y a des sujets très personnels qui sont abordés. J’essaie d’être généreux dans ce que je livre de par ce que j’ai pu traverser dans ma vie personnelle.

En fait, ce premier EP, il s’appelle Renaissance par rapport au premier titre qui a le même nom. Je venais de mettre un point final à une période de ma vie assez difficile et ça signifiait simplement un nouvel arc et une renaissance sur plein d’aspects personnels de ma vie.

༄. Oui, c’est vrai qu’on ressent beaucoup ça. C’est un des points forts de l’EP, cette authenticité. Et d’un point de vue un peu plus musical, on entend beaucoup de claviers, par exemple, dans l’EP. Quels sont un peu les influences du groupe ? Est-ce qu’il y a d’autres influences que le rock, par exemple le clavier n’est plus trop présent dans la sphère rock actuelle.

Oui, il y a plein d’influences autres que la sphère rock. Après, qu’est-ce que je pourrais dire ? J’ai beaucoup été influencé sur les claviers et les textures de claviers en écoutant un groupe qui s’appelle Odezenne, groupe bordelais qui font du rap de base et qui ont un projet avec une identité sonore très très forte.

༄. Et dans les influences rock tu pourrais me citer quelques noms ?

Mais ouais ! J’ai beaucoup d’affinités avec un projet qui s’appelle Cage the Elephant, que je trouve très élégant dans leur approche et que j’aime bien citer. Après la grosse influence de Loup de Berger c’est un groupe de rock français qui s’appelle Aston Villa.

Par rapport à l’approche un peu électro du projet, je pensais à un LCD Sound System sur les claviers.J’ai une approche très texturale et rythmique des claviers quand je travaille ça au mix. Je teste plein de choses, j’essaie de trouver la place parfaite dans le mix que ce soit très en retrait ou plus en avant pour arriver à la configuration qui flatte le plus l’oreille.

On met aussi un clavier en avant en faisant des pédales pour créer des notes tenues très longtemps, un peu des bourdons. Et pour l’aspect rythmique j’aime beaucoup faire des trucs qui me font penser un peu à des électrocardiogrammes, très séquencés à intervalles réguliers.

༄. Est-ce que par exemple, les autres membres arrivent à ajouter leurs influences à tout ça ?

Carrément ! Quand on a commencé à répéter ensemble, le projet était beaucoup plus pop. Le fait d’avoir ramené Guillaume et Marius, ça m’a amené vers le rock et vers le chemin qu’on prend maintenant qui s’est encore un peu plus endurci après la sortie de l’EP Renaissance. Marius, il m’a clairement ramené l’amour pour le Stoner et pour Queen of the Stone Age, surtout pour leur groove très appuyé qu’on essaye nous aussi d’aller chercher. Guillaume, avec sa culture rock, appuie aussi cette nouvelle direction avec une grosse frappe très énergique.

༄. Avec tout ce que tu me dis c’est vrai qu’on voit bien le tournant que ça a pris. Tu parlais un peu de la suite, quelles sont un peu les actualités et les plans pour le futur de Loup de Berger ?

Et bien il y a un gros axe là qui s’est déclenché tout de suite après la sortie du clip à savoir nos sorties sur les réseaux sociaux. On a lancé un nouveau format. Toutes les semaines, tous les vendredis, on sort un extrait de session live. C’est soit un extrait d’un morceau inédit, soit un extrait d’un morceau de l’EP Renaissance avec de la mise en scène (nouveaux arrangements, formations différentes, lieux différents…)

L’autre gros axe c’est les concerts. On dépense beaucoup d’énergie en ce moment à essayer de trouver des concerts. Il va y avoir des choses qui seront annoncées courant mai et d’autres choses suivront en fin d’année 2025.

༄. Ok, top, hâte de voir ça. C’était tout pour les questions. Je te laisse le mot de la fin si tu veux t’exprimer sur quelque chose qu’on n’aurait pas spécialement évoqué ou que tu trouves qu’il est important de mentionner.

Mon mot de la fin, c’est juste souligner la singularité de l’aventure qu’on vit en ce moment avec toute l’équipe Loup de Berger et toutes les personnes qui s’engagent dans le projet. Je pense aux musiciens, Marius, Guillaume. Je pense à Jean-Vincent Delaere au son. Je pense à notre ingé lumière, Laurent Briffault aussi et je pense aussi à notre équipe audiovisuelle d’Images en Boîte qui maintenant fait quasi partie intégrante de ce projet. Juste dire qu’avec toutes ces personnes on défend une certaine indépendance et une certaine façon de faire parfois contre vents et marées. En tout cas, l’aventure est belle et singulière.

༄. La force du collectif finalement

Effectivement

༄. Merci beaucoup Baptiste j’ai tout dans la boîte.

Merci à toi !

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Réseaux des autres artistes mentionné·e·s .

• Ian Caulfield : @ian.caulfield

Interview réalisée le samedi 08 mars par Noctuastali.

Relue et corrigée par Lucas Simonnet et Antho.