Interview réalisée le dimanche 26 Janvier par Noctuastali.
༄. Et bien, merci beaucoup à toi d’accepter ce petit crash test. Du coup, première question, est-ce que tu peux te présenter ?
Je m’appelle Nooom, je suis ce qu’on peut appeler musicienne indépendante. Je suis autrice, compositrice, interprète. J’ai 28 ans et j’ai commencé le projet Nooom en 2017. Donc ça va faire 8 ans que je fais de la musique et c’est ma passion.
༄. Comment es-tu venu à la musique de manière générale et ensuite à ce projet ?
J’ai grandi dans une famille qui est très musique. Tous mes frères font de la musique, mes parents, mes grands-parents ont toujours fait de la musique. Les repas de famille étaient très musicaux, très animés donc j’ai toujours un peu baigné dedans avec une culture musicale assez éclectique dans les styles que j’écoutais et que ma famille écoutait. Donc ça a fait que j’ai toujours eu envie de jouer de la guitare et de jouer comme mes parents.
Je me suis mise à faire de la guitare au camping vers mes 14 ans sur la vieille Epiphone de mon père. Et puis, en parallèle de ça, j’ai commencé à faire les spectacles de l’école, au collège. Premier pas sur scène en cinquième. À l’époque, c’était dans le cadre de comédies musicales, de spectacles d’école, plutôt associatif.

Au fur et à mesure, j’ai grandi pendant l’adolescence dans ce milieu-là, avec d’autres gens qui faisaient de la musique aussi et je me suis mise sur les réseaux sociaux. Au début pour poster plutôt des reprises donc guitare voix.
Je faisais des reprises et un jour en 2017 j’ai pris mon premier appart et j’ai décidé de commencer à composer ce qui sera mon premier EP puis j’ai sorti mes premières chansons dans la foulée. J’avais besoin de m’exprimer, les chansons des autres ne suffisaient plus, donc j’ai fait mes propres chansons.
༄. D’accord, est-ce que tu peux revenir un peu sur ce pivot entre le passage de faire des reprises à vraiment composer et faire tes propres chansons ?
Et bien… c’est vraiment… cliché de fou, mais c’est une rupture, une relation toxique, amoureuse qui s’est mal passée, qui m’a vraiment donné le besoin de m’exprimer. J’ai eu la chance aussi à cette période de ma vie de rencontrer toute une sphère de copains qui étaient très portés sur la musique et très indépendants et qui m’ont vraiment poussé dans la confection de ce premier EP et donc c’est là que j’ai vraiment commencé à composer.
L’une des premières chansons que j’ai composées c’était “Prince Harry” qui est dans mon EP et la deuxième chanson que j’ai composée c’était “Balade” (c’était dans le cadre d’une comédie musicale que je l’ai composée) mais elle est aussi sur mon EP.
༄. Donc ton premier EP, “Aparté”, c’est ça ?
Oui sur mon premier EP “Aparté” du coup qui est sorti en 2017. Il y a six chansons dessus. A cette époque je dormais musique, je me réveillais musique, le midi j’allais au taf je rentrais le midi j’avais une heure je mangeais même pas c’était musique musique. J’ai tout enregistré dans mon appartement on m’avait prêté du matos parce que j’avais rien à l’époque et j’ai vraiment tout fait maison. L’idée c’était vraiment de m’exprimer, j’avais besoin de sortir ma haine, de sortir mes émotions et je les ai sorties en musique et ça m’a fait beaucoup de bien.

Pochette de l’EP “Aparté”
༄. Pourquoi avoir choisi un nom de scène plutôt que ton propre nom alors que c’est un projet solo donc qui était quand même principalement personnel ? Solo même.
En fait j’ai pas vraiment réfléchi, il n’y a pas eu de moment où je me suis dit alors est-ce que je m’appellerai pas Léane ? Mais spontanément je voulais un nom de scène. J’ai choisi Nooom parce que c’était Moon à l’envers, par rapport à mon signe astrologique, au fait que je sois beaucoup dans la lune et que ça me représente plutôt bien, la lune. Et à l’envers, ça fait Nooom. Comme c’était déjà pris avec deux O, j’ai ajouté un O.
C’est pour ça que je m’appelle Nooom, avec trois O. Et au final, je regrette pas du tout d’avoir pris un nom de scène parce que ça fait que ça peut évoluer, en fait. C’est un projet qui peut évoluer. Demain, j’arrête pas d’être Léane, quoi. Alors que je peux arrêter d’être Nooom, je peux remonter un autre projet sous un autre nom avec des gens, enfin, c’est maléable.

༄. Et justement en parlant de jouer avec des gens tu joues avec différents types de formation. Quel est un peu ton rapport à la scène et justement de jouer ta musique avec d’autres personnes ?
J’aime beaucoup partager la musique de manière générale. Quand j’étais ado, j’amenais tout le temps ma guitare aux soirées. D’ailleurs, j’ai un peu perdu ça en cours de route. Mais ouais, j’aimais bien partager la musique, jouer avec des gens. J’ai fait des jams pendant très longtemps à la campagne avec plein de gens qui étaient passionnés de musique. Et ça c’est vraiment ce que je préfère faire dans la musique, c’est vraiment partager, jouer, chanter, même si je ne connais pas les paroles en anglais, je m’en fous.
Le rapport à la scène est un peu différent, j’ai du mal à monter sur scène. Ce n’est pas du tout ce que je préfère dans la musique, ça me stresse énormément. C’est pour ça que je ne fais pas beaucoup de concerts. Et avec l’expérience, je me rends compte que c’est bien plus simple de monter sur scène en groupe que tout seul.

“Nooom and the Street”
J’ai une expérience de la comédie musicale, donc j’ai été habituée à être entourée par un panel de musiciens. C’est un luxe de fou. J’ai juste à chanter et en plus de ça je suis dans la peau d’un personnage qui n’est pas moi donc tout est nickel. Je suis aussi montée sur scène avec des formations de groupe. Donc comme je te disais tout à l’heure, la formation Nooom est très malléable.
J’ai monté “Nooom and the Street”, l’idée c’était de pouvoir jouer avec des musiciens un peu volatiles. Ça pouvait changer et donc il y a eu plusieurs formations là dessus. L’idée c’était de reprendre mes musiques, de monter un set et d’aller jouer dans les bars donc il y a eu quelques concerts avec “Nooom and the Street” et c’était vraiment très sympa.
༄. Donc le fait d’avoir un soutien sur scène te fait sentir plus à l’aise ?
Oui carrément. Après j’ai fait plus de concerts toute seule en tant que Nooom qu’en groupe parce que j’aime quand même bien ce guitare-voix très intimiste que tu peux faire avec un public vraiment à l’écoute. Mais c’est évident qu’au niveau du stress, être accompagnée ça aide énormément.
༄. D’accord. Merci. Maintenant peut-être un peu plus sur l’écriture et la composition, comment ça se passe pour toi et sur l’EP “Papillons" ? On remarque que la production a pris un peu plus de place que sur les anciens disques avec plus d’arrangements, plus d’instruments. Est-ce que c’est dû à ta manière de composer ? Ou est-ce une évolution dans ton style ?
Je pense que c’est l’évolution un peu logique de toute ma discographie. Au début, quand j’ai fait mon tout premier EP, j’étais toute seule à le faire, et c’était le premier donc j’étais encore assez timide. Je me cachais vachement derrière ce côté un peu sage. Même le titre Aparté, c’est vraiment un secret, un murmure, j’assumais pas encore vraiment. Et au fur et à mesure que j’ai sorti des trucs, j’ai commencé à rajouter des batteries, à rajouter de la MAO, à sortir du projet que je voulais faire à la base et tester des nouvelles choses. J’ai aussi collaboré avec des gens qui ont un univers musical qui est différent du mien (Pour les citer : Simon Birb, Studio Clef Colombe, Clémence Carbonaro, Noé Talbot, Luc Jolain).

Pochette de l’EP “Papillons”
Je trouve que c’est ça aussi qui fait la richesse de la musique. C’est de collaborer avec des gens qui ont d’autres choses à apporter que ce que toi tu avais dans la tête à la base. Sur “Papillons”, j’ai collaboré avec Luc Jolain qui a plutôt des influences jazz et rock. Il a beaucoup apporté dans l’harmonisation.
༄. D’accord. Tu es passé de quelque chose de vraiment solitaire à quelque chose de plus collectif. Tu t’es entourée pour donner une autre dimensions aux compos
Exactement. Aujourd’hui, j’aime bien m’entourer de gens, demander conseils. C’est difficile de laisser ses chansons où tu sors vraiment tes tripes à d’autres gens. Mais c’est quelque chose qu’il faut apprendre à faire parce que, en fait, tes chansons ne t’appartiennent pas vraiment. Elles appartiennent aux gens qui vont les écouter. Et du coup, les gens avec qui tu collabores peuvent aussi apporter de la richesse à ce que tu vas proposer. Et c’est toujours intéressant de bien s’entourer. Maintenant, c’est une team.
༄. Ok super. C’est un peu une démarche désintéressée pour pousser le projet plus loin et l’améliorer ?
Oui, c’est ça, améliorer, c’est un bon terme. Ça le pousse plus loin, ça re-challenge des choses, ça vient proposer des choses auxquelles je n’aurais pas pensé toute seule, ça complète.

༄. Est-ce que l’on peut revenir sur ce point ? L’ écriture et la composition, comment ça se passe pour toi ?
J’ai 150 000 carnets chez moi. J’en ai toujours un dans mon sac. Des fois il se passe des trucs et j’écris un peu des bouts de phrases perdues sur le moment et puis ça se dessine doucement. Les mélodies viennent un peu dans ma tête donc des fois je suis en voiture, je mets le dictaphone, je fais un vocal et je fais du nanananana. Je chante n’importe quoi et puis au bout d’un moment les deux vont s’imbriquer. J’essaye de terminer le texte dans la foulée généralement. Ça prend pas très longtemps entre le moment où j’ai la première idée et le moment où la musique est terminée, peut-être deux semaines.
༄. D’accord et là tu me parles surtout des idées vocales et de textes, mais par exemple pour tout ce qui est de la musique autour, comment ça se passe ?
Ça vient au moment de l’enregistrement en fait. Au début je fais une maquette un guitare-voix que je pose sur garage-band puis au fur et à mesure je me dis “Oh là je verrais bien un pont”, “Oh là je verrais bien ci, je verrais bien ça”. On rajoute au fur et à mesure puis on arrive au produit fini. Après pour moi une bonne musique elle marche en acoustique et elle marche en full band de la même manière du coup je commence toujours en acoustique et comme ça après il suffit de rajouter des trucs.
༄. On continue un peu sur la discographie. Si on regarde les pochettes des sorties précédentes (Aparté, Lunaire, 360, L’enfant sauvage, A vos marques) on remarque que le thème de l’enfance revient beaucoup. Est-ce qu’il y a eu un changement de thème depuis, par exemple avec “Papillons” ?
Je pense oui. Déjà globalement j’ai grandi. Mais c’est vrai que j’ai toujours été une grande enfant, j’ai jamais vraiment aimé grandir. Je suis persuadée que les gens heureux gardent leur âme d’enfant et c’est quelque chose que je travaille à ne pas perdre. Mes toutes premières sorties reflètent bien ça. Après j’avais 20 ans. A 20 ans t’es pas non plus très avancée, mais là maintenant j’arrive sur 30 ans, ça a bien évolué, c’est normal.

Page BandCamp de Nooom
Quand tu regardes les pochettes effectivement il y avait le thème de l’enfance. Sur ma première pochette “Aparté”, j’avais un nounours et un petit canard. Le nounours ça représentait justement la personne de la relation toxique dont on parlait au début et le canard ça représentait l’amour, vous savez quand on dit « vous êtes canards ». Et sur la première pochette j’étais assise sur une lune, c’est une référence directe au petit prince. Il y a même une petite rose sur l’illustration. C’était vraiment quelque chose qui me tenait à cœur. Même encore aujourd’hui, j’adore regarder des dessins animés, jouer à des jeux de société, des jeux vidéos. Enfin ça fait partie de ma personnalité.
Quand tu arrives sur “À vos marques”, en fait c’est mon doudou, mais il y a une étiquette dessus où c’est écrit “à ranger au placard” en souvenir. Donc ça montre déjà une volonté un peu d’avancer. J’ai écrit à “À vos marques” aussi pendant le Covid. C’est une période de transition où on a tous été un peu chamboulés.
Et puis pour arriver sur “Papillons” où je me suis dit, c’est bon, les nounours, on laisse derrière et maintenant on assume la vraie musicienne qu’on est et puis on fait des vrais trucs quoi.
༄. Ok, ok, top. En partant de “Papillons”, donc tu as choisi d’en extraire “Waterstraat”, que tu as décidé de décliner en un EP 4 saisons. C’est un projet où la chanson est déclinée avec plusieurs personnes pour une version par saison, avec différents styles. Pourquoi avoir choisi ce titre et comment as-tu sélectionné les personnes pour faire les différentes versions ?
Alors là je pourrais t’en parler pendant des heures. “Waterstraat” c’est une chanson qui parle de ma vie au Pays-Bas. Avec mon ex compagnon, on était parti vivre au Pays-Bas et en fait, c’est vraiment un pays que j’ai adoré et ma vie là-bas aussi. J’avais écrit “Waterstraat” un peu comme une déclaration d’amour au Pays-Bas. Globalement les pays du nord, je rêve de vivre là-bas un jour, d’où cette chanson qu’on retrouve sur mon EP “Papillons”. Ensuite la vie a fait que je suis rentrée en France et puis la personne avec qui j’étais partie, la relation s’est terminée, ce sont des choses qui arrivent.
J’ai eu rapidement l’idée de faire quatre saisons à cette chanson pour montrer l’évolution des choses. On arrive, on découvre, puis on adore, puis il va falloir repartir, on est triste, et pour finir on quitte les Pays-Bas. C’est à la fois l’image de la relation avec cette personne-là et à la fois l’image de ma vie là bas donc j’ai décidé de faire une version de la musique par saison.
Tu as la version printemps, été, automne et hiver. Au début, je voulais le faire toute seule. Rapidement, je me suis dit que ça serait trop cool de, encore une fois, mettre mes musiques dans les mains d’autres gens qui vont pouvoir un peu les remodeler, proposer de nouvelles choses, et puis ça me challengera aussi sur mon style.

Pochette de l’EP “Waterstraat 4 saisons”
J’ai commencé un peu à réfléchir avec qui je pourrais collaborer. J’avais énormément d’idées, il y avait plein de gens qui pouvaient coller mais j’avais vraiment envie que ce soit des gens de qui je suis proche, qui reprennent les chansons. Donc j’ai choisi que des copains.
On a Les Mains dans les Poches où l’on retrouve Luc Jolain encore sur la version printemps. Sur la version été, c’est Flying Fish, le groupe de mon petit frère. Ils ont un style un peu summer hit et tout donc c’est un peu tout naturellement que je les ai choisis. Misty Moonshine pour la version automne, qui eux ont un style un peu plus rock teenage qui me rappelait un peu mes influences emos de mon adolescence. On y retrouve Juliano à la batterie qui est un ami de qui je suis très proche et qui a fait pas mal de prises de vue sur mes projets. Puis pour la version hiver j’ai collaboré avec Libélulle, une super amie que j’ai rencontrée sur les réseaux sociaux, c’est une artiste indépendante, comme moi, et chanteuse bretonne. C’est le bon côté des réseaux sociaux ce genre de rencontre.
༄. Est-ce que je peux te demander quelle est ta version préférée de WaterStraat ?
C’est hyper dur comme question parce que je les aime toutes. Je vais avoir envie de te répondre que ça dépend des moments. Une chanson par mood. J’aime beaucoup la version été parce qu’elle me fait bouger mais en même temps si j’ai passé une mauvaise journée je vais avoir envie d’écouter la version automne. La version piano voix me touche tout particulièrement parce que ça reste de l’acoustique et j’adore l’acoustique. Et en même temps, la version printemps, ça se rapproche le plus de ce que j’aime écouter au quotidien. Donc voilà, je sais pas te répondre : j’aime l’EP entier!
༄. Et comment vois-tu la suite ? Tu as des actualités ou des plans pour le futur même s’il n’y a pas grand chose de défini ?
J’ai des phases où j’arrête, où je compose, où j’ai la page blanche et puis je reprends. En ce moment, je suis dans une phase de page blanche totale. Donc là je fais une bonne pause pour attendre que ça revienne. Je me retourne un peu sur ma discographie, je me dis “ouais ça va j’ai bien bossé quand même. On peut faire une pause, c’est ok.” J’aimerais bien recomposer, peut-être ressortir un EP. J’avais envie de faire un EP un peu plus simple avec deux ou trois titres maximum dessus. Et puis surtout j’aimerais bien monter un set et aller à la conquête des bars de la côte d’Azur avec quelque chose d’un peu plus travaillé.

༄. Et donc je vais te laisser le mot de la fin si tu as quelque chose à faire passer ou quoi que ce soit d’autre.
Je peux parler aux gens qui vont lire ? Ok, si je devais parler à mon moi adolescent qui hésitait à monter sur scène, je lui dirais “Putain mais fais-le quoi !”. Je m’adresse à tous les adolescents du monde, osez monter sur scène, c’est trop bien, c’est hyper formateur, on peut s’exprimer, on s’assume, ça nous met en lumière, les gens nous écoutent, ça n’a vraiment que des bienfaits donc osez et puis montez sur scène, assumez, amusez vous : c’est trop cool.
Retrouver Nooom :
- Bandcamp : nooom.bandcamp.com
- YouTube : Nooom
- Instagram : @nooom_off
- Facebook : NOOOM
Réseaux des autres artistes mentionné·e·s .
- Les Mains dans les Poches : @lmdlp_music
- Flying Fish : @flyingfish.music
- Misty Moonshine : @mistymoonshineband
- Libélulle : @libellule_off
Interview réalisée par Noctuastali le dimanche 26 Janvier.
Relue et corrigée par Lucas Simonnet et Antho.